mercredi 28 juillet 2010

chronique radio semaine 8


Thème: le Camping
Concept: Lettre d'un campeur

Ma très chère mère,

Voilà déjà 1 mois que j'ai quitté Notre Kapuskasing natale en diligence et je doit admettre que les 3 semaines de voyages se sont bien déroulés. J'aimerais te rassurer que la première semaine auprès de ma famille d'accueil au Parc Ste-Florida du Lac fût une expérience sociologique en soit. Voici quelques observations que vous pourrez partager dans le bulletin paroissiale:

Mon père d'accueil Rodger Duquette est venu me chercher à l'entrée du camping en golf cart. Un homme en chest avec une grosse O'keefe qui opérait la barrière était réticent de me laisser entrer au parc mais imaginez-vous que M. Duquette fut récemment élu Roi du Parc lors d'une tombola ayant lieu au Noël des Campeurs et que ce titre lui offre certains privilèges. Quel chance mère! Dès mon entrée au parc, on m'avertit de ne pas m'aventurer de l'autre côté du lac puisque ce sont les terrains sans électricité où les gens habitent des tentes. Ce sont des pauvres, de la rapace, des indésirables. Un enfant aux cheveux gras m'envoie la main en tenant un jumbo mister freeze orange dans son autre main de pauvre. Même de l'autre côté du lac j'ai pu voir qu'il avait les coins de la bouche coupés en raison du zèle qu'il démontre à s'empiffrer violemment de sa friandise glacée. Le Parc de Ste-Florida du Lac est un vrai petit coin de paradis, les roulottes, 5th wheel et Wannabego de 36 pieds sont entassés dans cet ancien pit de sable avec 4 ou 5 sapins chétifs séparant les voisins avec d'anciennes cuves de sécheuse qui sont utilisées pour faire des feux de camps. L'aménagement de ce parc est un art en soit puisque faire entrer une immense roulotte mesurant 36 pieds par 15 sur un terrain qui en mesure 40 x 18 sans accrocher le cabanon en plastique et les plates-bandes du voisin relève presque de la sorcellerie. Chaque terrain est décoré à la façon du propriétaire comme par exemple les canards en plastique spray-painté gold de la dame qui habite près du Chip Stand ou encore les découpures de plywood peinturés en silhouettes de jeune garçon qui urine et de cowboy accoté sur un arbre chez cet ancien soudeur qui a le poil de nez généreux. On m'initie rapidement au BBQ, cet art culinaire qui se pratique par des hommes en bédaine tenant une bière à la main et des pinces dans l'autre, et laissez-moi vous dire Mère que même après 1 semaine de hotdog brulés, de hamburger secs et de steak mariné à la sauce BBQ Kraft on ne s'en lasse pas. J'ai même fait découverte d'un plat de poulet que l'on nomme tournedos. Des médaillons de poulet de qualité douteuse sont enrobés de bacon et mariné dans la sauce Bbq Kraft et le cuisinier y verse allégrement de la bière durant la cuisson. Une véritable orgie de saveur s'est offert à ma bouche tandis que je dégustait ce plat typique sur des assiette de styromousse en utilisant des ustensiles de plastiques trop mou pour la viande raidie par la négligence d'un cuisinier trop îvre.

Tout comme notre Kapuskasing natale, il existe un véritable sens de communauté dans cet oasis civilisé de la brousse est-ontarienne. Dès les coups de midi sonnés à la chapelle ornant le lac artificiel, un tracteur passe afin de ramasser tout les enfants du parc pour nous emporter à la cabane communautaire où la femme du tenancier du Chip stand nous raconte des légendes pour ensuite nous inciter à coller des cocottes et des macaronis cru sur une feuille de papier. Il ne va sans dire que le tracteur ne passe pas de l'autre côté du lac. Cet esprit communautaire est aussi reflétée dans la franche camaraderie qui existe entre voisins puisqu'il n'est pas rare de voir les voisins se visiter entre-eux pour jouer au fers à chevals ou encore jouer au bingo à la radio tandis qu'un feu sans supervision brûle les assiettes en styromousse et les restants de hotgdogs et de grill-cheese du dîner. Toutefois certains voisins s'impliquent un peu trop dans la vie des autres comme l'homme en camisole tachée de moutarde qui a toujours un râteau la main pour créer l'illusion qu'il fait de l'aménagement paysager sur son lot qui est en fait du sable tappé dur et le lampadaire qui éclaire la bécosse/douche publique/buanderie/endroit où les jeunes se rencontrent pour frencher et fumer des cigarettes indiennes volées dans le cartoon de leurs parents. Cet homme est véritablement détestable mère. Voici une conversation qui a eu lieu entre lui et M. Rodger tandis que je mâchouillait gentiment un brin de blé en regardant ma mère d'accueil essayer de démêler un hamac la cigarette au bec en tenant un bloody césar dans une main.

Homme désagréable (Bert Tousigni alias bébert): «Bin tien si c'est tu don pas el Duquette qui s'est acheté une nouvelle hache. On flôbe son cash el bigshot? Y'en a qui son bin pour fend leu bois»



  1. Duquette: «C'est mon beau-frère qui m'a rapporté c'te manche là du BC apparemment c,est le meilleur bois pour. Presque pas de flex.»

Ted: « Ahouin faque comme ça ton beau-frère est vnu à bout de rentrer din mine au BC? Jte dit que y'en a qui sont bin avec leu connections»

M.Duquette: «C'est l'union qui l'aurait shippé là pour trainer 'es nouveaux chauffeurs de pelles»

Ted: «Ouin jte dit que y'en a qui sont gâté par l'union pis qui en font profiter leu beaux-frères en leur offrant des cadeaux»

Cette jalousie entre voisin est un véritable cancer du monde campeur. Mais rassurez-vous mère ce n'est pas tout les voisins qui sont comme ça. La dame habitant la NightHawk 26 pieds avec foyé et lit queen encastré qui se retrouve sur le lot en diagonale du nôtre voisine souvent avec Mme Duquette et il n'est pas rare qu'elle nous apporte du suc à crème dans un vieux pot de margarine. Elles jasent entre-elles des divers potins de camping comme par exemple les gens du lot 26 qui ont deux voitures stationnés sur leur terrains tandis qu'ils n'ont droit qu'à une seule voiture ou encore la dame du lot 13 qui ne ramasse pas les besoins de son chien. Les visites entre campeurs se terminent généralement par la phrase suivante «Bon bin j,va allez préparer le souper chez nous mais vous viendrez veiller aux feux asoir c'est notre tour d'orcevoir»

Sans équivoque, les feux de camps sont le rassemblement social par excellence. Seules les épluchettes de blé d'Indes sont plus populaires mais ça il n'y en a qu'une fois par année. Tel de véritables mithes, les campeurs vont se diriger chaise et glacière à la main vers le feu de camp de leur voisin où le maitre de la maison ou encore un neveu téméraire vont immanquablement sortir une guitare pour y gratter des air connu de tous. Hotel California, Wonderwall, Cayouche et les Beatles se côtoient dans les cartables de ces troubadours de la nature afin d'égayer la soirée des invités. Personne ne remarque qu'il s'agit des mêmes chansons à chaque semaine et je soupçonne que l'alcool y est pour quelque chose. J'inclu à cette lettre un enregistrement d'une telle chanson qui illustre à 100% le mode de vie de ces gens.

Pour conclure mère, il certes agréable d'avoir un 2e chez soi et s'installer en nature permet de mieux entrer en contact avec nos racines mais on ne peut s'empêcher de se demander que dirait nos ancêtres en voyant un Wannabego munie d'une coupole Bell Express-vu, d'un gazebo moustiquaire et d'un jacuzzi 12 place. Rendu là, peut-on encore considérer ça comme vivre en nature?

Sincerement,

Votre fils qui signe cette lettre en regardant son père d'accueil célébrer sa victoire au Washer en frenchant agressivement et îvrement Mme Duquette qu'il a accoté sur la bécosse.


(Rock Larue- Campeur Diplomé)






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